dimanche 28 juillet 2019

Ultra marin du Morbihan, 177km 2019



L'année dernière, j'ai découvert l'ultra marin trail du Morbihan, en étant finisher sur le 87km.
(je vous invite à relire le périple, juste pour arriver à destination.. ce fut dantesque et inoubliable..)


Cette année, je souhaite me rendre compte ce qu'est 177km, la distance de la diagonale des fous, et accessoirement, engranger les points nécessaires à l'inscription.
Autant le dire tout de suite: la distance totale est inimaginable mentalement (pour moi), je me représente simplement les segments de ravito en ravito, qui seront des étapes clefs, ou l'alimentation, le sommeil et le soutient familiale seront décisifs.
Je sais aussi qu'il ne faut jamais rendre les armes en arrivant à un ravito, mais plutôt se poser, manger, dormir, et ensuite décider...de repartir coûte que coûte pour aller décrocher le ravito suivant.



Mercredi 27 juin 2019:
Nous arrivons en famille au camping des Mouettes à Sarzeau, ou j'ai loué un mobil-home pour le We (je n'en profiterais pas beaucoup...), mon frère et sa famille, ainsi que Nathalie (une copine 100 bornardes)  nous y rejoindra en soirée, et nous rejoindrons Laurent à Vannes, pour le retrait des dossards.
Ce camping est très sympathique, un accueil parfait, un mobil-home état neuf, 10mn de la plage via un chemin piéton: je recommande.
Nous prenons possession des lieux rapidement, et nous partons pour Vannes pour aller visiter le village course, retirer nos dossards, la traditionnelle boite de gâteaux, déguster des mojitos (sans alcool), retrouver des trailers de la team flammes en rose, que nous allons représenter sur cet ultra-trail.
Christine, Finicher 177km
Mojito, mojito et encore mojito... avec Laurent

La soirée se termine dans une crêperie de Ambon, dans une ambiance détendue et à la rigolade, mais dans une chaleur humide très difficile à supporter.
En sortant de ce restau, j'aperçois un radar pédagogique devant... ni une ni deux, me voila au milieu de la route, sous les yeux étonnés des clients, à piquer un sprint...
Aussitôt rejoint par le frangin, pour un fight.... je claque un 22km/h, Yann claque 24km/h;;.
Rendez vous est pris pour le dimanche (si on arrive suffisamment tôt).

Vendredi 28 juin 2019:
Famille, Team, Amis...
C'est le jour J, le grand jour..
nous prenons un repas commun sous un barnum du camping, puis chacun va se reposer et préparer son sac de course et le sac intermédiaire (que nous aurons à Arzon): la nlle tombe: le départ est retardée d'une heure par la préfecture, à cause de la canicule, soit 19h (vs 18h).
Après une sieste, il est grand temps de partir pour Vannes.

Nous voila enfin dans la grande messe des trailers: prendre le départ d'un ULTRA TRAIL !!!

19h, le coup d'envoi est donné, comme d'habitude, nous sommes en fin de peloton (1200 partants), pour profiter des cette ambiance de FOUS: le quai est noir de public hurlant, applaudissant, agitant des drapeaux, l'ambiance est exceptionnelle.
il faut beaucoup de maîtrise pour ne pas forcer l'allure, saluer le public, embrasser la famille que nous retrouverons dans 28km environ à Port Blanc, être encourager par les membres de la Team flammes en rose qui courent le lendemain sur le 56km...

Nathalie a déjà disparu de notre vue, partie largement plus vite que nous: nous ne sommes pas inquiet, elle sait ce quelle fait, ce n'est pas lère fois qu'elle court une longue distance (même si habituellement elle court sur route).

Dès le départ, je sens de l'eau qui me coule dans le dos: le camel bag est percé !!!!
lentement, cela trempe mon short, je suis inquiet (même si je bois très peu par rapport à d'autres, je fait 30km avec 1l d'eau, je ne sue quasiment pas, même par ces fortes chaleurs, mon métabolisme est comme ça).
Au km 13, je contrôle rapidement le camelbag, qui semble moins fuir: il reste 1l: parfait, je ne remplis pas, prend 2 / 3 tuc et nous continuons vers PortBlanc pendant que le nuit tombe lentement.

Après ce pb de fuite, je rencontre un pb qui va me poser un gros soucis durant la nuit: je suis parti avec les lunettes de soleil, et les lunettes claires sont resté au mobilhome: autant dire que durant la nuit, je serais dans le flou total (je suis myope assez fortement): impossible pour mon assistance d'aller au camping pour me les ramener, le temps est trop court, et je ne veux pas leur imposer 2h de route (de plus, l'assistance était interdite à ce ravito la).

Ils nous attendent dans un endroit improbable, la nuit débute, nous les retrouverons que demain matin à Arzon,après la traversé du golfe en bateau, Laurent est passé devant nous sans nous voir, direction Le Bono (km 58) pour une pause plus conséquente, ou j'ai prévu un arrêt de 45mn pour manger et dormir.
Laurent s’arrêtera à peine, mais personnellement, en arrivant je vais directement me coucher 30mn, puis je mange, et Yann et moi repartons ensemble, nous savons que Nathalie commence à peiner un peu, et quelle est à peine à 3mn devant nous.
Nous la rejoignons rapidement et elle décide de nous suivre...nous la perdons quasi aussitôt, car malgré que nous ralentissons fortement, Nathalie a fait une pause pour enlever son pull, mais nous ne la revoyons pas.

Sylvain, Crach
Je ne me souviens pas à quelle moment Yann est parti car je devenais lent, c'est après Crach, la ou j'ai croisé la course d'un autre membre de la team flammes en rose, Sylvain, ou nous passons vers 6h20, l'absence de lunettes la nuit m'a énormément fatigué mentalement, le jour est levé, je rechausse les lunettes de soleil, après une petite sieste à même le sol...
Il parait (aucun souvenir) que je me suis posé sur un banc pour profiter du panorama, Yann étant dans une phase OK, il a préféré poursuivre.

la route vers Locmariaquer, ( traversée en bateau), sera très longue, un vrai calvaire, surtout les 6 derniers kilomètres: en arrivant sur Locmariaquer, nous apercevons les bateaux de liaison à environ 500m (espoir de délivrance) mais, oh désespoir, nous n'y allons pas directement, le parcours nous emmène pour contourner la ville, soit 6km...une horreur !!!
Une rencontre improbable d'un couple en Citroën méhari blanche, de toute beauté, nous proposant de l'eau au bord de la route....
je suis rejoint par un groupe de trailer, qui relance en me dépassant: "je m'accroche à vous si cela ne dérange pas.." je ferais une petit kilomètre en courant et écoutant leurs exploits, après j'arrive à relancer en marche rapide..
mon corps n'est plus qu'une machine, avec un seul et unique but (à ce moment): LE BATEAU !!!


Au bord de l'épuisement mental, Locmariaquer
Le port arrive enfin, je suis ému d’être enfin au bateau, symbole de la presque mi-parcours, d'un temps de repos, un attraction nautique dans ce monde de trailers..
Les bénévoles m'équipent d'un poncho plastique puis d'un gilet de sauvetage, et j'embarque, à bout de forces  et tout émotionné d'atteindre l'objectif n°1 !!
la liaison vers port Navalo (Arzon) dure environ 15mn, dans la fraîcheur des embruns: je retrouve peu à peu mes esprits: il restera 5km pour arrivé au gymnase d'Arzon, ou m'attend toute mon assistance, mon sac intermédiaire, du repos, des panaches frais...

Port Navalo est en vu, et j’aperçois du ROSE sur la passerelle: le doute n'est pas permis: la team flammes en rose est la, à nous attendre, pour nous redonner des forces !!!
Merci à ceux qui sont venu nous attendre, Emmanuelle, Josélito, Sebastien (j'oublie peut être quelqu'un, qu'il m'excuse, je n'étais pas en pleine possession de mes moyens).
Jérémie (team ruban bleu)  sortira en même temps d'une autre embarcation, ce jeune homme a un mental absolument bluffant.

Je suis maintenant en terrain connu, ce parcours je l'ai fait l'année dernière... mais 5km en marchant, c'est très long..1h !!!!

J'arrive au gymnase vers 11h10 sous un soleil de plomb, Laurent et Yann sont déjà la depuis 30mn au moins.
je me pose aussitôt dans la chaise longue, déchausse pour libérer les odeurs ce qui m'est le plus précieux en course à pieds: les pieds...
et Mme me sert un panaché bien frais: enfin de la douceur dans ce monde de brut !!!!!
Merci à Pink, un autochtone déjanté (ou éclairé ?), le mécano "B-M" (marteau burin) qui m'avait sauvé la mise l'année dernière sur le bord de la route... d'être passé me voir dans des circonstances plus calmes..

Je vais prendre une douche, rasé de près, me change totalement, je mange: une nlle course commence maintenant.
Toujours aucune ampoules: je re-nok les pieds généreusement, chaussettes propres.
Nathalie arrive enfin, mais elle est encore plus mal que moi...nous temporisons l'abandon, mais rien n'y feras, l'envie n'y est plus, elle continuera donc la course avec l'assistance après avoir rendu son dossard.
Pourtant je pensais quelle serait la plus forte d'entre nous tous...mais ce format de trail (sans assistance vélo, avec la nuit, et en terrain naturel est nouveau pour elle, elle n'y a pas trouvé son plaisir).

Cette première partie a été extrêmement cassante, bien que théoriquement le dénivelé soit faible, le terrain est très cassant; les petites cotes se succèdent sans cesse sans aucun répit, les parties boisées sont couvertes de racines rasantes, la moindre inattention se paye cash (une chute pour moi), les parties en bordure de mer sont sableuses (guêtres obligatoire pour éviter les soucis de sable dans les chaussures):
NON cette course n'est pas un ultra au rabais, comme on peut le lire ici et la: il n'y a pas besoin de 10000m de d+ (dénivelé positif) pour que ce soit un ultra.

Sur un banc...
Yann et Laurent sont reparti avant moi, je repars donc seul, mais heureusement, le vent s'est levé, et un voile de nuages rafraîchit l'atmosphère (OUFFFF..), pour une liaison assez courte de 11km Port Nêze (j'y ferais une petite sieste sur un banc,  puis la pointe de Bernon, puis enfin Sarzeau, ou l'assistance sera encore la pour la dernière fois avant l'arrivée.
les ultra, c'est aussi de belles rencontres:
- Jérémie, qui court pour la team ruban bleu: un jeune avec une force mentale impressionnante
- Joselito Patissier: un réunionnais qui est venu pour la course, nous avons beaucoup échangé
- avant Locmariaquer j'ai aussi rencontrer un petit groupe sympathique qui m'a remit en selle quelques kilomètres...
- j'ai rapidement aperçu le lapin runneur Emir, qui faisait l'assistance de Sophie, pour la team ruban bleu

A Sarzeau, je reste à l'extérieur du gymnase tellement il faut chaud dedans: ma chaise longue est la, mes panachés sont frais (Josélito le réunionnais en profitera aussi avec plaisir) et Mme me fera un excellent massage mollets / cuisses pendant que je déguste des tomates cerises avec du sel: un vrai bonheur...

L'étape suivante sera le Hézo, ou j'ai prévu de dormir 30mn et de manger chaud: Yann et Laurent m'ont attendu: nous finirons ensemble le dernier marathon (il reste 42km).
Tout les lits étant pris, je me couche à terre dans une couverture, je mange aux cotés du doyen de la course (81 ans), son épouse lui donne les instructions pour la suite...une vrai coach !!!

Nous repartons difficilement, dans la fraicheur, les corps sont meurtris et fatigués, mentalement nous savons que cela va ètre très long en marchant à 4,5km/h, cela représente encore 10h d'efforts, de lutte intérieure, de déconnexion cérébrale ou la seule chose qui compte est de mettre un pied devant l'autre (une expression réunionnaise: ti pas -ti pas).
Nous aurons cette médaille, je ramènerais les points pour le challenge par équipe pour la team flammes en rose, je ramènerai mes points autorisant l'inscription sur des course comme l'utmb ou la diagonale des fous..

Viendra lentement la ravito de Sene, ou la aussi nous dormirons 30mn environ, pour repartir vers 6h30 du matin pendant que les bénévoles préparaient le départ de la marche nordique 25km..
nous savons qu'ils nous doublerons dans la matinée..

Yann, épuisé...
Au partant de Sene, le ciel est bien voilé (la bretagne...), et l'orage gronde au loin, et quelques minutes plus tard, il faudra sortir les vestes de pluies (dommages pour ceux qui ont cru qu'ils pouvaient faire fie des règlements, et qui ont abandonné le matériel obligatoire...ils sont trempé, et enfreignent royalement les règles de la course avec un sac allégé, des ravitos volants... bref, aucun respect: ils arriveront après nous).
Laurent, épuisé...

Nous arrivons au point de contrôle de port Anna, ou le ravito du 25 nordiques se prépare...  nous avons réussi à taper un peu dedans, car il y a eu un moment de flou quand nous sommes passés: les gâteaux étaient très bons !!! MERCI
C'en suivra le retour vers Sene, via un chemin large et pas très intéressant (mais avec une belle vu que le golf), mais qui sera parfait pour les "skieurs en short..."..

Il faut dire ce qu'il y est: les kilomètres défilent très doucement.. nous sommes à 4,5km/h, autant dire que le moindre gamin marche plus vite que nous...

Le soleil fini par percer, après quelques averses éparses (ce qui donnent des photos étonnantes: en veste de pluie avec capuches en plein soleil...), les 1er "skieurs" arrivent derrière nous "tic tic tic tic.." les bâtons: ça va très très vite... j'en accroche un sur 100m: je suis à bout de force rapidement (9,8km/h..)
cela va nous distraire jusqu'à la fin, nous les encourageons, et ils nous encouragent en retour généreusement: merci à eux.

Enfin nous apercevons le début du quai, avec un public nombreux et colorées...
Tshirt supportant qui son mari, qui son épouse... un tshirt porte l'inscription "YANN, LA GAGNE"...
Les encouragements sont généreux et bienvenue, l'émotion commence à monter, l'arrivé se profile enfin après 40h de course, des hauts, des bas, les joies de chaque ravito, les joies de retrouver nos familles régulièrement... déjà le film de la course repasse dans la tète...

J'annonce notre arrivé imminente à ceux qui nous attendent: il nous reste 2kms, nous sommes la d'ici 30mn..
La team flammes en rose est fidèle au poste, et m'envoi son ambassadrice au gros coeur, Emmanuelle Mayeur (une inconditionnelle de cette course) a notre rencontre pour me remettre Hopy
Malheureusement, mon tshirt aux couleurs de la team est resté dans le sac de mi-course..

Sophie est venu à la rencontre de Yann, qui en a bien besoin... l'émotion est son comble..
Clarisse m'attend au bout du quai, nous avons décidé de franchir la ligne tous ensemble..


Les pousseurs de bâtons sont eux en pleine course, nous essayons de les gêner le moins possible, et attendons un "trou" pour franchir l'arche et savourons ce finish tant désiré, symbole de la vie:
 nous sommes plus fort que la fatigue, plus fort que la douleur, nous nous sommes dépassé, sur-passé sur une distance qui parait énorme au commun des mortels 177 km de course (marche et course), avec gestion de la chaleur, de l'eau, du sommeil, de l'alimentation.
Une aventure humaine, ou chacun est solidaire de l'autre, respectueux de la nature, respectueux des capacités de chacun (malheureusement, il y a aussi des râleurs qui se plaignent de ne pas être servi assez vite sur les ravito, qui se plaignent que l'eau est mouillée et que l'herbe est verte).

L'arrivé fût grandiose... Merci Joselito pour la vidéo.

Avec le recul, je me demande si c'est bien moi qui est accompli cette exploit, dans ce lieu qui reste exceptionnel (à mon avis), avec des couleurs changeantes, un beau levé de soleil dimanche, et un beau couché le samedi...
je ne me lasse pas, même si j'admet que certains passages ont été interminables, pour ne pas dire démoralisant, déprimant.
Je pense rempiler l'année prochaine (sur le 87km), à moins qu'un autre trail soit dans les mêmes dates avec autant d'attrait...
J'ajoute que le balisage est parfait, bien visible la nuit, les bénévoles sont aux petits soins.
Les ravitos, c'est plus aléatoire, et les derniers n'ont en général plus grand chose à ce mettre sous la dent (même si, je le rappelle, c'est un trail en semi-autonomie), et c'est pourtant eux qui en ont le plus besoin.
A Arzon, il n'y avait plus de plateau pour manger (j'en ai récupéré un au copain), la chaleur était intenable dans le gymnase à Sarzeau (mais la, c'est difficile de faire autrement)..

Nous rentrons rapidement au camping, je dois dormir quelques heures et libérer le mobil-home pour 16h (et reprendre la route, ce n'était pas prévu ainsi, mais le brevet des collèges de ma grande fille a été déplacé au lundi à cause de la canicule.. je dois ètre rentré pour 21h, pour quelle puise se reposer).

Prochain trail, ultra Vercos 87km, 2de année consécutive, j'espère aller plus vite cette année et ne pas ètre coincé par les barrières.


Yann la gagne...
Laurent, cinéaste en herbe..



Médaillé, merci Clarisse... Finisher c'est aussi et surtout grâce à l'assistance familiale.
Avec Hopy, la mascotte de la team flammes en rose, qui m'a suivi calmement..

Ultra marin du Morbihan, 177km 2019

L'année dernière, j'ai découvert l'ultra marin trail du Morbihan, en étant finisher sur le 87km. (je vous invite à relir...